W.G Sebald

Publié le par incultures.over-blog.com

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La découverte de W.G Sebald à l'aube du XXIe siècle fut un choc essentiel, une rencontre rare  avec un auteur dont l'univers m'a fasciné d'emblée.

Des ouvrages qui ne sont ni des romans, ni des essais, mais un peu tout à la fois, érudits mais pas trop, journaux intimes, récits de voyage, digressions, coincidences, enquêtes, où passé et présent ne cessent de se superposer et où, au détour d'une pérégrination, on croise des écrivains comme Stendhal et Kafka, le tout avec des illustrations (photos, documents divers, notes de restaurants....) qui viennent corroborer les indices d'un hasard quasi miraculeux.
Dans ses livres, on voyage beaucoup, à pied, en train, passant d'un hotel à l'autre, de façon aussi fluide que son style.
Sa grande affaire c'était le déracinement, lui qui à 22 ans avait décidé de quitter son pays natal pour s'installer en Angleterre, mais qui a toujours écrit ses livres dans sa langue maternelle. Lui allemand, qui préférait se faire appeler Max.



Le lire, c'est lui avouer une fidélité indéfectible.
 
Winfried Georg Maximilian Sebald ést né le 18 mai 1944 à Wertach (Bavière du sud) en Allemagne.
En 1966, il a décidé d'accepter un poste à l'université de Manchester puis est devenu professeur à l’université d’East Anglia de Norwich en 1970. Lieu où il s'est installé définitivement.

Il publiera tardivement son premier livre en 1988. Le premier  traduit en France ne paraissant qu'en 1999.
Le 14 décembre 2001, l'auteur a eu la facheuse idée de croiser par inadvertance la route d'un camion à Norwich laissant brutalement de nombreux lecteurs, qui venaient tout juste de le découvrir, orphelins, inconsolables.

Pour mieux le découvrir
un site récensant les jalons géographiques de ses voyages littéraires

une émission avec des témoignages de  son ami Jan Peter Tripp (qui publiera un livre posthume dont ils avaient eu le projet ensemble)  et son traducteur Patrick Charbonneau.
Partie 1   Partie 2

un entretien de W.G Sebald réalisé avec Michael Silverblatt en Californie le le 6 décembre 2001


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Bibliographie (source Actes Sud)

Les Emigrants, trad. P. Charbonneau, 1999.
Que la parution des Emigrants de W. G. Sebald ait suscité en Allemagne, aux Etats-Unis et en Angleterre une grande émotion tient, certes, à la qualité des critiques ou des écrivains (Susan Sontag, Paul Auster, Arthur Miller…) qui ont désigné ce livre comme une oeuvre d’exception. Mais cet accueil, Sebald le doit surtout au si prégnant lyrisme mélancolique avec lequel il se remémore — et inscrit dans nosmémoires — la trajectoire de quatre personnages que l’expatriation (ils sont pour la plupart juifs d’origine allemande ou lituanienne) aura conduits — silencieux, déracinés, fantomatiques — jusqu’au désespoir. Mêlant l’investigation et la réminiscence, collationnant les documents (photos, journaux) et les témoignages, Sebald effleure les souvenirs avec une empathie de romancier, une patience d’archiviste, uneminutie de paysagiste, pour y redécouvrir le germe du présent. A la lisière des faits et de la fiction, la fraternelle écriture de Sebald est bel et bien celle du temps retrouvé, une reconquête de ce passé-présent où s’énonçait, il y a peu, notre lancinante histoire commune.

Les Anneaux de Saturne, trad. B. Kreiss, 1999.
Cet homme qui voyage à pied dans les paysages de la côte est de l’Angleterre traverse en vérité l’épaisseur des temps disparus. Il chemine dans le souvenir des oeuvres fantasques de Thomas Browne, commente la leçon d’anatomie immortalisée par Rembrandt, croise le destin de Joseph Conrad en route vers le Congo, se souvient d’un film sur la pêche au hareng, songe aux grandes batailles navales et à leur représentation picturale, réfléchit à la “purification” dans les Balkans au milieu du siècle, évoque Chateaubriand ou le poète Edward FitzGerald et, quelques pages plus loin, revient à la fascinante histoire
de la sériciculture en Chine puis en Europe. Tel est en effet le monde selon W. G. Sebald : une nébuleuse d’histoires et de rêves évanouis, un émouvant kaléidoscope de fragments et d’éclats où se reflète encore, pour celui qui sait voir, la trace précaire de nos ensevelissements successifs. Ce monde, l’auteur des Anneaux de Saturne lui donne asile dans un livre à l’érudition prodigue, qu’il a lui même illustré de photographies, cartes, tableaux, documents historiques, au gré de son voyage et de ses “rencontres”. Car c’est bien de rencontres qu’il s’agit, dessinées d’un trait lumineux, à la beauté élégiaque.

Vertiges, trad. P. Charbonneau, 2001.
Sur les traces de Stendhal, Kafka, Casanova, dans un vertigineux jeu de pistes et de doubles qui le mène à travers l’Italie et dans l’Allemagne de son enfance, W. G. Sebald découvre les racines et les parentés de sa propre mélancolie. En un “voyage” qui marie imagination et érudition, faits divers et souvenirs, texte et photographies, ilmet en scène la capacité de l’esprit à ressusciter une réalité enfouie, ensevelie — celle que le temps a recouverte, mais à laquelle l’acte d’écrire peut donner accès : encore faut-il s’abandonner à tel vertige…
Ainsi se dresse comme “en passant” un tableau de la destruction de la vie par la civilisation : obsédante perception qui accompagne le mélancolique dans son inguérissable empathie, sur le chemin de son art.

Austerlitz, trad. P. Charbonneau, 2002.
L’ultime roman de W. G. Sebald nous fait connaître la vie de Jacques Austerlitz, un homme hanté par une appréhension obscure, lancé dans la recherche de ses origines.
Par ce portrait saisissant d’un émigrant déraciné, fragile, érudit et digne, l’auteur élève une sorte d’anti-monument à tous ceux qui, au cours de l’Histoire, se retrouvent pourchassés, déplacés, coupés de leurs racines — sans jamais en comprendre la raison ni le sens.
La vulnérabilité douce et secrète de Sebald et de ses personnages hors du commun, leur façon d’être tout à tour gagnés par la beauté du monde et la souffrance qu’il engendre font que ses oeuvres s’inscrivent dans la mémoire comme des événements majeurs.

De la destruction comme élément de l’histoire naturelle, trad. Charbonneau, 2004.
A travers ce texte magistral, W. G. Sebald révèle à quel point le bombardement massif, à la fin de la Seconde Guerre mondiale, du sol allemand par les troupes alliées est frappé de tabou au sein de la société et de la littérature allemandes. Récusant le sentiment de culpabilité des intellectuels allemands, qui fausserait leur jugement autant que leur inspiration esthétique, Sebald comble la lacune par une évocation à sa manière de ces “raids d’anéantissement” qui ont coûté la vie à six cent mille civils.
De la destruction comme élément de l’histoire naturelle est une oeuvre incisive et puissante, illustrée de photos et de documents, rendant palpable la souffrance de son pays.

Séjours à la campagne, trad. P. Charbonneau, 2005.
A travers six portraits inoubliables et richement illustrés de Johann Peter Hebel, Jean-Jacques Rousseau, Eduard Mörike, Gottfried Keller, Robert Walser, et du peintre Jan Peter Tripp, W. G. Sebald évoque ses propres visions, ses propres hantises, tout en rendant hommage à des artistes dont la vie et l’oeuvre l’ont autant intrigué qu’initié. Il célèbre à sa manière leur persévérance, leurs sacrifices, et leur génie pour réinventer la beauté et l’utopie, malgré tout.
Séjours à la campagne invite aussi à découvrir le paysage préalpin, région dont tous les artistes de ce recueil sont originaires, y compris W. G. Sebald. Ainsi, quelques années avant sa mort, l’auteur revisite les contrées de son enfance.
En fin de volume, on trouvera “Au royaume des Ombres”, un texte écrit par Jan Peter Tripp, en hommage à son ami W. G. Sebald, ainsi que le portrait posthume qu’il a peint de lui.

D’après nature. Poème élémentaire, trad. P. Charbonneau et 2007.

Campo Santo, trad. P. Charbonneau et S. Muller, 2008.
Après la publication desAnneauxdeSaturne, W. G. Sebald se mit à composer un livre sur la Corse, qu’il abandonna à mi-chemin au profit de la rédaction
d’Austerlitz. Nous savons à présent que ce projet a été d’une ampleur et d’une importance comparables aux autres grandes oeuvres de l’auteur. Sebald projeta d’écrire une histoire naturelle et culturelle de la Corse, en se servant de ses carnets de voyages, d’une documentation déjà étudiée et d’images déjà choisies. Il avait donc élu l’île française à la beauté gravement menacée par l’homme comme territoire emblématique de sa vision du monde, et comme  point de départ d’une nouvelle pérégrination littéraire.
Quatre récits corses ont été extraits par l’auteur lui-même dumanuscrit inachevé pour être publiés de manière isolée. Chacun d’entre eux, réunis ici, nous enchante par une force d’évocation et une musicalitémagistrales.
Quatorze essais, inédits en France, complètent le présent recueil. Grâce à la grande érudition de W. G. Sebald, chacun des sujets traités devient passionnant.Qu’elle évoque Piana, Ajaccio, les forêts sauvages du centre de la Corse, Nabokov, la musique, PeterHandke ou Jean Améry, la voix de Sebald est identifiable entre toutes.